« Madame Vernet a fait choix d'un costume collant, révélateur, couleur de chair, transparent. Les regards se posent sur elle comme des guêpes. Elle sent la piqûre, et mime l'effarouchement, la honte. L'étoffe mouillée fait feuille de papier à cigarette. Elle la pince du bout des doigts, la tapote, mais le tissu retombe et s'appuie (...) Madame Vernet s'assied par terre. Nous sommes autour d'elle une rangée de messieurs intéressés. Chaque mari se braque sur la femme du voisin et oublie la sienne. On s'amuse. Les femmes aussi s'amusent. Quand un homme sort de l'eau, ruisselant, les cheveux pleureurs, moulé ou de pauvre académie. Elles savent apprécier, sourire, tousser. C'est entre les deux sexes un discret échange d'attitudes. » L'Écornifleur, Jules Renard, 1892. Bienvenue dans ce théâtre balnéaire ! On y retrouve acteurs et spectateurs dans ce lieu particulier dénommé « la plage ». Bonnes manières et règles de savoir-vivre n'ont cessé d'encadrer la pratique des bains de mer depuis que cette activité s'est développée, à la fin du XIXe siècle. De multiples facteurs culturels, religieux ou tout simplement les habitudes ont défini les convenances, ces dernières variant avec le temps et les latitudes. L'auteur s'est donc efforcé, en particulier au travers des chroniques de journaux, de témoignages d'écrivains célèbres ou non, de nous conter l'histoire des bains de mer.
Jean-Luc Kourilenko est l'auteur de nombreux ouvrages d'histoire sur la côte Fleurie et la côte de Nacre. Déjà 7 livres publiés avec les Editions Sutton. Il a aussi publié dans la presse locale de nombreuses chroniques sur les stations balnéaires normandes à la Belle Époque.