" Grâce à la victoire du Front populaire, en un tour de temps, tous les nuages s'en vont. J'apprends que le quintal de blé va passer de 80 francs à 140 francs et qu'il restera constant toute l'année?! C'est inespéré?! Finies les spéculations?! En ville, on ne mesure sans doute pas à sa juste valeur cette révolution?! On préfère mettre l'accent sur le congé payé dont nous ne bénéficierons pas, sur la semaine de 40 heures qui n'est pas pour nous. […] Pour les paysans, la plus grande réforme, c'est l'Office national du blé qui nous assure des prix garantis. Quel soulagement?! Quelle magnifique victoire?! » s'enthousiasme Adeline Fromentin. Même sentiment de joie pour Solange Pâtureau, sa sœur qui, à Châteauroux, vit également des moments exceptionnels : « Le 1er mai n'était pas comme d'habitude. […] A 10 heures, cinq cents personnes se sont réunies à la salle des fêtes. A la tribune, une responsable de la CGT a commenté le programme : “Pain, Paix, Liberté.” […] Ensuite, les participants se sont regroupés dans la rue, derrière les drapeaux des syndicats?! […] Ils ont défilé dans le calme, en prenant leur temps et en chantant L'Internationale […]. Devine ce qu'il m'a offert ce jour-là : un bouquet de muguet?! C'était la première fois qu'il m'offrait des fleurs. » Grâce à cette correspondance croisée, Jean-Pierre Muller décrit les nombreuses réactions dans les campagnes du Boischaut Sud et, en ville, à Châteauroux, au moment de la victoire du Front populaire. Mais après l'euphorie