Baraques, baraquements, préfabriqués, préfas ou préfabs ? Ces mots renvoient tous à un certain type d'habitat provisoire et d'urgence sur lequel beaucoup ne s'attardent pas. Très peu documentées et encore moins valorisées, les baraques d'après-guerre présentaient à l'époque des atouts insoupçonnés, tant sur les plans architecturaux que sociaux et économiques. Non seulement leur type de construction préfabriquée a permis de reloger les sinistrés de la guerre rapidement, de créer des cités provisoires dont certaines deviendront des communautés fortes et soudées, mais aussi d'innover en matière de design et de confort… Résultat : 75 ans après leur construction, des milliers de baraques provisoires d'après-guerre sont toujours debout et choyées par leurs propriétaires. Derrière la connotation péjorative du mot « baraque », souvent assimilée à des maisons mal conçues, des taudis, des abris pour animaux, se cache en réalité une multitude d'expériences urbaines et humaines. Riches et d'une pérennité inattendue, elles furent indispensables à la reconstruction de l'Europe et inspirent de nouveau les architectes et les politiques actuels dans la gestion des crises du logement.
Depuis 2001, Mickaël Sendra et Élisabeth Blanchet travaillent sur le sujet des baraques. L'un en France, à Lorient. Dans le cadre de son association Mémoire de Soye dont le but est de valoriser les baraques, il a remonté trois types de baraques d'après-guerre et les a transformées en micro-musées. L'autre en Grande-Bretagne, où après avoir sillonné le pays à photographier, documenter et filmer des habitants de préfabriqués -, elle a également créé un musée, The Prefab Museum, et rédigé deux ouvrages de référence publiés chez Bloomsbury et Historic England. À ce duo, s'ajoute Martine Catel, conceptrice de jardin, depuis longtemps par l'étude de l'histoire et de la théorie des architectures anciennes. Vice-présidente de Mémoire de Soye et fervente adepte des baraques,