A l’aube du XX e siècle, Carbonne est toujours fille de la Garonne : le gravier résonne encore des coups de battoir des lavandières, qui se mêlent aux bruits sourds des tailleurs de galets ou des pêcheurs de sable manœuvrant leurs garabots . La vie tout entière de la ville s’écoule dans ses rues : des montreurs d’ours tsiganes exhibent leurs savants plantigrades, l’omnibus de Bécade transporte des clients vers la gare, les commerces foisonnent… L’activité de Carbonne rayonne sur tout son canton, depuis Saint-Sulpice et ses foires aux bœufs jusqu’à Peyssies. Montaut, ancien nid féodal, domine le Terrefort labouré par le bouvier de Marquefave. Capens veille jalousement sur son pont. Dans la plaine de Longages, les vignerons s’affairent à la coopérative tandis que les écoliers de Mauzac et de Noé ignorent encore qu’ils ont rendez-vous avec l’Histoire. Tous entonnent le refrain de La Carbonnaise, l’hymne local : « Nid joyeux, joli Carbonne, empli de filles et de fleurs, nous te tresserons une couronne de coquelicots et de baisers… »