Ces témoignages, allant des années 1930 au milieu des années 1960, mettent en relief de façon étonnamment perceptible, la marche d’abord très lente, puis de plus en plus sûre et accélérée, vers les bouleversements symbolisés par mai 68. Tout en mesurant le chemin parcouru, le lecteur d’aujourd’hui se découvrira bien proche de ces élèves, adolescents avant-guerre, sous l’Occupation, à l’époque des tickets de rationnement, du poêle à charbon, des cours de couture, réveillés au son du tambour, parfois chahuteurs, insoumis, impertinents ou timides. Tour à tour drôles, sérieux, émouvants, les souvenirs recueillis forment un florilège poignant, tranche de vie précieusement conservée au fond du cœur des protagonistes. S’il permet aux jeunes d’aujourd’hui et à ceux qui les suivront de se faire une idée plus vivante, plus concrète et plus personnelle de la façon dont vivaient, pensaient, réagissaient ceux qui les ont précédés, et dans quel contexte, ce livre aura atteint son but.
Michèle Grand est la fille d’un couple de professeurs présents dans la ville de Pézenas depuis la guerre. Psychologue de formation, elle est particulièrement sensibilisée à l’urgence de fixer les mémoires de vie quotidienne des « anonymes